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ROSHDIE BOURNE
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16 octobre 2008

Mon Papa est partit voir Allah!

Mon Papa est Partit voir Allah!

Texte Ecrit en Arabe par : Rochdi El Ghadir
Traduit par en Français par  Laila Nassimi


Il y a quatre jours, j'ai téléphoné a mon ami le poète Abbas Ghandour Elkarbelay.

Fatima, sa petite fille m'a informé que son papa est parti en voyage chez Allah et qu'il reviendra avec un grand cadeau !!

J’ai failli m’étouffer, j'ai rappelé, Oum Fatima.

 

 Zineb m'a dit :
- Abbas s'est fait tué par une milice inconnue, alors qu'il était sur le chemin du retour  les mains chargées de pain...et le coeur bien chargé de chagrins.

J'ai pleuré un peu...!
J'ai revu nos souvenirs depuis les cinq dernières années,
J'ai pleuré un peu... !

En Irak, les milices ne sont plus seulement ethniques; on peut compter en les milices des quartiers,  celles des tribunes et aussi des milices par Secteur d' activités !
Ce qui veut dire que si tu es épicier par exemple, tu risques de te faire tuer par principe des conflits des secteurs d'activités !
Ou alors, tu peux être professeur et tomber par les milices des Étudiants !
Dans l'idée, il faut savoir parer le mal de celui à qui tu as rendu service.

Et ainsi de suite, jusqu’aux milices des fraudes spéciales sexuelles qui pourraient avoir énuméré tous tes exploits au lit.
Et...
Vint alors le grand jour ou chacun de tes péchés sera multiplié par dix;

- Que feras tu donc de tes lourdes journées ?
-Tu restes à la maison ?!
Bien sûr tu resteras à la maison !
Et rien d'autre..!!

-Tu pourrais t'occuper de regarder les émissions de cuisine offertes par les chaînes satellites, apprendre
les leçons sur la  lessive émises par les chaînes de « pressing », et tu passerai les vacances entre les besoins hygiéniques des enfants « pipi et caca» et les discutions monotones de ta femme.

Et puis quoi, si tu crèves d'ennuis,
- Que ferais tu mis appart ça, à la maison ?


 Tu regardes les chaînes ?
- Non !
Les informations sont stressantes...
Les films vus et revues,
Les feuilletons débiles
Et les chansons éveillent en toi des pensées endormies !
Tu fais un sport ?
Non !
Trop vieux pour ça. !
Tu lis ?
Même pas, plus de force pour lire et les lunettes ne font plus l'affaire…
En plus le dernier opticien a fuis à Amman "sauve qui peut !"
Tu prends place sur un banc de ton jardin ?
Non plus...

"Les hélicoptères Américains sillonnent le ciel et tirent sur tous ce qui est douteux,
Et tout ce qui bouge est douteux !
Même une personne comptant le nombre des fourmis dans son jardin est une cible douteuse...!"

"Tu chantes ?"

"Non !"
Car dans tout le voisinage il n’y a que des orphelins et des veufs.
Tu nages ?
L’eau ne suffit même plus pour boire et faire la vaisselle !
Tu surfes sur le net ?
Non. !

Les chars vont brouiller la connexion alors que tu es en plein discussion amicale…
Tu téléphones à ceux que tu aimes ?
Non !
Le réseau est foutu
Tu papotes un peu avec elle ?!
Non !
Toute discussion est close entre vous de puis que vous avez découvert que vous avez tout dit !
Tu dors ?
Non !
Le lit est un cercueil, et les rêves ne sont plus qu’orphelins et cadavres!
Que faire alors ?
Tu pleures ?
Oui
C'est ça…
Tu
Pleures...

Tu exerceras le seul droit qui t'es possible comme un être humain Iraquien...
Et moi…
J’ai pleuré
Un
Peu… !

 


NB : Parer le mal de celui à qui tu à rendu service : Proverbe arabe
Vint alors le grand jour ou chaque un de tes péchés sera multiplier par dix.

Sous réserve,

Car ce n’est pas une donné juste, pour les musulmans, ce sont les bonnes actions qui sont multipliées par dix et non pas les péchés





Cher ami et poète Rushdie,

 

C’est avec émotion que je vous ai lu.

Votre texte nous plonge dans l’actualité déchirante du quotidien de l’opprimé à qui il ne reste que les larmes d’amertume et de sel, parce qu’il ne compte pas, il fait partie d’un rouage absurde auquel il ne peut échapper. Une dimension où l’ordre se fait en dehors de l’individu.

Dans cet extrait poétique cruel, et imagé, vous avez su mettre à la fois, les clivages politiques, les clivages économiques, la problématique de la femme, le crime, la guerre et la solitude dans une allégorie qui oppose la modernité et les valeurs humaines.

.

Victimes ! Le grand mot est lancé dans la fosse aux lions, victimes de la déshumanisation  l’absurde condition humaine dans lequel se tisse le jeu impitoyable des régimes des complots contre ceux qui transmettent le savoir, complots fictifs ou inexistants qui permettent de justifier la pression de ceux qui sont hostiles à la pensée où gardent les yeux ouverts sur l’évolution du monde. Survivre dans ces conditions reste la seule issue. Ce texte pourrait être considéré comme celui d’un dissident. Un chant funèbre,  dans une atmosphère subversive qui nous plonge dans l’expérience humaine, profonde, devant la précipitation de la finitude. La textualité sous la forme de dialogue, assure le rapprochement entre le narrateur et le lecteur. La poésie reste entière dans ce qu’elle véhicule de souffrances, d’abnégations et de respect.

 

Cette absurdité dont vous faites ici l’élégie, me rappelle à la fois celles de Nietzche et de Camus. D’une part parce que je me sens toujours proche de Frédéric Nietzche qui rappela au monde que survivre est la plus belle des victoires contre l’absurdité. Et celle de Camus où sans illusion et renoncement le héros accepte son destin en toute lucidité.

Pour moi la grâce, est  la seule alternative à l’absurdité. Et cette grâce est dans le cœur de l’homme. Nous en sommes dépositaires, et nous les poètes avons le devoir de dévoiler les yeux et de faire briller la lampe de nos cœurs. Il n’est pas tant là question de proverbes puisque vous abordez  la religion Musulmane et le Proverbe dont tout un chacun sait qu’il est porteur de savoirs et dépositaire d’expérience et de vécu, la religion Chrétienne récompense aussi les bons comme la religion Juive…, mais de poser ici,  la faculté qui nous a été donnée de percevoir les mystères cachés, du souffle qui fait naître le verbe, et de l’être humain doté de conscience et de liberté qui pérennise ce souffle et le met au service de Dieu unique et universel et assure la mission  de l’entretien de ces paroles lumineuses. Ainsi va l’ordre du monde, avec un intérieur et un extérieur. La nécessité, d’une évolution de la conscience, passe forcément par la transmission du savoir  qui embrase l’esprit du lecteur, la Connaissance écarte le voile de l’obscurantisme, ouvre les yeux du cœur pour parler aux consciences.

 

 

Je vous remercie de m’avoir associée à votre texte.

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